La moelle épinière est la partie du système nerveux central logée dans la colonne vertébrale. C’est le passage obligatoire des informations motrices et sensitives échangées avec le cerveau. Ce fin cordon est protégé par un canal osseux constitué par l’empilement des vertèbres du rachis. 

Un traumatisme médullaire, occasionné par une entorse rachidienne ou une fracture vertébrale, peut avoir des conséquences dramatiques. Quand la moelle est sectionnée, les lésions sont irrémédiables (il n’y a pas de traitement à ce jour). Plus la section est haute, plus le handicap est important.

Jesse Billauer est atteint au niveau cervical C6. Il ne ressent plus rien en dessous du haut de sa poitrine, il ne peut plus bouger les jambes et garde un usage très limité de ses bras et de ses mains. Il est considéré comme tétraplégique et se déplace en fauteuil roulant depuis une chute en surf à l’âge de 17 ans.

L’accident s’est produit dans la matinée du 25 Mars 1996 à Zuma Beach en Californie du Sud. Jesse est alors un jeune surfeur professionnel en devenir qui prend quelques gauches avant d’aller en cours. En sortant d’un tube backside, il est soudainement frappé dans le dos par la lèvre. Elle le projette tête la première contre le fond et il se brise la nuque. 

Il y avait très peu de fond là où Jesse est tombé et Zuma est un spot qui peut être dangereux. Les vagues y sont toujours plus puissantes et plus creuses qu’elles ne paraissent depuis le bord, surtout sur le pic de Drainpipes où surfait Jesse.

Jesse s’est instantanément retrouvé paralysé à flotter la tête dans l’eau. Il a retenu son souffle jusqu’à ce qu’une vague le retourne et qu’il puisse appeler au secours. Un ami l’a empêché de se noyer et l’a ramené sur le sable. L’hélicoptère l’a ensuite conduit à l’UCLA Medical Center. En une fraction de seconde, la vie de Jesse a basculé.

Beaucoup de gens ne conçoivent la vie qu’en étant valide et se disent même qu’ils préfèreraient être morts que paralysés. Mais la vie ne se résume pas, loin s’en faut, à notre mobilité. Tant qu’on est encore capable de penser, d’aimer, de rêver et de communiquer, la vie vaut la peine d’être vécue. Au lieu de se focaliser sur les fonctions perdues, il faut profiter au mieux de celles qui restent.

Tout cela, Jesse l’a vite compris pendant sa convalescence et plutôt que de s’apitoyer sur son sort, il a préféré aller de l’avant. Il croit fermement que quand une porte se ferme, une autre s’ouvre et qu’il n’y a qu’à s’y engouffrer pour redevenir maître de son destin. 

Le résultat, c’est qu’il a maintenant une vie bien plus riche et épanouie que nombre de personnes qui surfent sur leurs deux jambes sans se rendre compte de leur chance. Jugez-en plutôt.

Son handicap ne l’empêche évidemment pas d’assurer dans ses études : il a décroché un diplôme de « Communications » à l’université de San Diego en 2002.

Le 17 juin 2005, Jesse a réalisé son rêve de tuber à nouveau. Cela s’est passé à Cloudbreak sur l’île de Tavarua aux Fidji. Ce barrel a concrétisé des années d’entraînement avec une planche adaptée. Ce qu’il a fait pour retrouver la vision du tube est énorme !

Sa vie sociale ne se passe pas mal non plus, merci pour lui. Il voyage autour du monde : Hawaii, Australie, Europe où il retrouve régulièrement ses nombreux potes dont Kelly Slater, Rob Machado et Jack Johnson font partie.

Son association « Life Rolls On » œuvre à informer les gens sur les lésions de la moelle épinière et à collecter des fonds pour faire avancer la recherche. Les événements qu’il organise l’amènent à rencontrer des vedettes comme Ben Harper, Ziggy Marley ou les Black Eyed Peas.

Il consacre une grande partie de son temps à parler aux jeunes dans les écoles pour les sensibiliser aux accidents et sur les manières de surmonter ces épreuves.

La vie continue !

Chaque année des surfeurs tombent mal et sont victimes d’un traumatisme grave du rachis. En 2008, les cas de deux surfeurs connus ont déjà été médiatisés : Darren Longbottom et Nathan Gocke.