Amputé au niveau du tibia droit depuis la naissance à cause de brides amniotiques (formations fibreuses dans la cavité amniotique pouvant apparaître pendant la grossesse), ce funambule prend appui sur une prothèse pour surfer.

Et pourtant, on ne peut pas dire que la vie lui ait donné toutes les cartes pour devenir un surfeur talentueux. Les hôpitaux et les blocs opératoires, Ismaël en a soupé pendant son enfance. Et comme si son handicap ne suffisait pas, le sort s’est acharné sur lui avec la survenue d’un lymphome des amygdales à l’âge de 10 ans. Une énième intervention chirurgicale et une chimiothérapie éprouvante en sont fort heureusement venues à bout.

Une fois ces épreuves passées, l’énergie débordante d’Ismaël a enfin pu s’exprimer à l’adolescence. Il a commencé par s’essayer au bodyboard avant de goûter aux joies de la glisse debout sur un skimboard puis sur un « long skate ». Ces sensations lui ont donné envie de se mettre au surf sur le tard. 

Il a bricolé des prothèses remontant jusqu’en haut des cuisses, avec l’aide de prothésistes. L’adaptation et la maîtrise de ce matériel dans un environnement aussi imprévisible que l’océan se sont faites au prix d’années d’entraînement.

Chaque vague lui demande deux fois plus d’efforts et de concentration qu’un surfeur ayant l’usage de ses deux jambes. Ce n’est pas cela qui altère la motivation d’Ismaël car le plaisir qu’il ressent sur la vague est plus fort que la peine qu’il se donne ou que les douleurs qu’il peut ressentir après une session.

Ismaël assume pleinement son handicap. Il est allé jusqu’à poser en tenue d’Adam dans un calendrier aux côtés de ses amis qui souffrent de handicaps divers : para, tétraplégiques, sourds, amputés… qui continuent de pratiquer un sport de glisse. C’est une façon de dire aux gens que les « zandis » sont bien là et qu’il faut compter avec eux sur les spots.

Ismaël et ses amis soulèvent un vrai débat sur le handicap dans le milieu du surf. Ils nous rappellent par leurs histoires personnelles qu’un accident peut arriver à tout le monde et faire basculer du monde des « valides » à celui des « handicapés » du jour au lendemain. Le handicap nous concerne tous.

Les bénéfices de l’association d’Ismaël Vagdespoir permettent d’acheter du matériel adapté à l’handiglisse grâce auquel d’autres handicapés pourront découvrir le surf mais aussi le blokart (kart à voile), le kayak, etc.

A côté de nombreuses actions de sensibilisation et d’initiation à l’handiglisse, l’association est à l’origine d’une initiative très intéressante en partenariat avec le CHU de Bordeaux : la passerelle Vagdespoir.

Ismaël a la pêche, il cartonne dans divers sports de glisse, il est très médiatique, il assure la promotion du surf et de l’handiglisse en France,… Et pourtant, aucun véritable partenaire ne soutient l’action de son association qui se nourrit principalement de la bonne volonté et du bénévolat de ses adhérents. Avis aux marques de surf qui feraient mieux de sponsoriser un jeune qui en veut comme Ismaël plutôt que de miser sur des pseudo-espoirs du surf qui ne font rien d’autre pour le surf qu’enfiler un lycra de compétition et faire quelques photos…

Aujourd’hui, Ismaël est à la croisée des chemins. Il aimerait se projeter dans l’avenir en gagnant sa vie, en fondant une famille et consacrer plus de temps à ses proches et à la pratique du surf. Il voudrait également continuer de développer Vagdespoir. Mais il ne peut pas éternellement gérer une association, organiser des événements, se déplacer aux quatre coins de la France…sans être un tant soit peu soutenu financièrement.

Parmi ses nombreux projets, Ismaël envisage un tour du monde handiglisse mais il est toujours à la recherche de sponsors pour l’aider dans cette aventure.