Pour comprendre l’origine de la ciguatera, il faut savoir que les coraux se développent là où les eaux sont chaudes, limpides et peu profondes, c’est-à-dire entre les Tropiques.
Les coraux sont menacés par les fortes houles, les catastrophes naturelles comme les cyclones ou l’effet El Nino mais aussi par l’homme qui aménage le littoral de façon anarchique, rejette ses déchets en mer et pêche encore dans certaines zones avec de la dynamite ou du cyanure.
Sans oublier les surfeurs peu scrupuleux qui cassent le corail pour ramener un souvenir, en marchant dessus ou en jetant l’ancre de leur bateau au mauvais endroit pendant leurs “boat trips”…
Des algues microscopiques particulières appelées Gambierdiscus toxicus en profitent et colonisent les coraux morts. Ces algues qui produisent des toxines sont à l’origine de la ciguatera. Quand des poissons herbivores consomment ces algues, les toxines s’accumulent dans leur organisme. Puis les poissons carnivores qui mangent les poissons hervivores s’intoxiquent à leur tour. Plus on remonte dans la chaîne alimentaire, plus le poison est concentré dans la chair des poissons.
Les plus gros poissons sont les plus toxiques. Exemples: murènes, mérous, barracudas, poissons perroquets, vieilles, pagres…
Les toxines s’accumulent dans les graisses, le foie et les viscères des poissons. La cuisson et la congélation n’altèrent pas ces toxines.
Plus la quantité de poisson consommée est importante, plus les signes cliniques sont sévères même si la sensibilité est variable d’un individu à l’autre.
Les symptômes apparaissent généralement 2 à 12 heures après ingestion de poisson ciguatoxique.
La ciguatera peut occasionner des signes généraux (asthénie, douleurs articulaires et musculaires mais absence de fièvre), des signes digestifs (vomissements, diarrhée, douleurs abdominales, …), neurologiques (maux de tête, fourmillements, vertiges), cardio-vasculaires (hypotension artérielle, ralentissement du rythme cardiaque).
Parmi les symptômes les plus classiques, on décrit des troubles de la sensibilité thermoalgésique avec inversion des sensations de chaud et de froid: on peut ressentir de la chaleur quand on surfe en eau froide…
On peut aussi souffrir de fourmillements au niveau du nez, de la langue, de la paume des mains et la plante des pieds d’où l’autre nom donné à la ciguatera: la gratte.
Le traitement est symptomatique: médicaments contre la douleur (= antalgiques), contre les nausées, anti-diarrhéiques, antihistaminiques contre le prurit…
Les diarrhées profuses peuvent conduire à une déshydratation d’où l’importance d’une réhydratation adéquate per os ou par perfusion.
Dans les formes neurologiques graves, une perfusion intraveineuse de mannitol à 20% est utilisée. Dans les cas graves, la réanimation est symptomatique (perfusion, ventilation,…).
La guérison survient spontanément en quelques jours à plusieurs mois.
Retrouvez des conseils de prévention sur le blog Surf Prevention.
Une personne intoxiquée conserve longtemps une hypersensibilité à la toxine: l’ingestion d’alcool, de poissons ou de fruits de mer, même en petite quantité peut redéclencher les signes digestifs ou les paresthésies.
La ciguatera peut se contracter en toute saison.
Le risque de ciguatera existe aussi dans les régions tempérées à cause des importations de poissons frais ou congelés.