Si la lutte contre le dopage est devenue un cheval de bataille pour nombre de fédérations, c’est parce que le sportif met sa santé en danger par ces pratiques et qu’il se comporte de façon déloyale.
Les drogues sont de nature à altérer les facultés indispensables à la pratique du surf. Il n’empêche que le cannabis peut relaxer un compétiteur trop stressé avant une série. La cocaïne peut être utilisée pour augmenter la concentration et réduire la sensation de fatigue. Ces produits sont bel et bien dopants et doivent être bannis.
Parmi les quelques surfeurs contrôlés positifs en France, la plupart avaient utilisé une drogue dans un but « récréatif » mais ne savaient peut-être pas que les traces du joint qu’ils avaient fumé quelques semaines auparavant étaient encore détectables dans leurs urines le jour de la compétition.
Des surfeurs malades (asthmatiques, diabétiques…) qui utilisent des médicaments classés parmi les produits dopants peuvent aussi être contrôlés positifs. Idem pour toute personne prenant pour une raison médicale certains traitements contre la douleur, la tension artérielle, le rhume, etc. La liste est longue et le compétiteur doit impérativement savoir si ce qui lui est prescrit fait partie des produits interdits. Le cas échéant, il faut demander avant la compétition une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques auprès de l’organisme compétent.
Le dopage est le fait de jeunes sportifs pris dans l’engrenage de la course à la réussite. Ils sont souvent en perte de repères ou conseillés par un entourage véreux. Le dopage peut etre utilisé pour revenir de blessure plus vite. La carrière des sportifs est courte et certains sont prêts à tout pour atteindre leurs objectifs. Si le risque de se faire prendre est faible, ils franchissent d’autant plus facilement le pas.
Le milieu du surf se donne-t-il les moyens de lutter efficacement contre le dopage ?
La Fédération Française de Surf et l’International Surfing Association ont adopté des positions claires et procèdent régulièrement à des contrôles. L’ISA a annoncé récemment que les tests réalisés sur de jeunes surfeurs ayant participé aux Championnats du Monde Junior 2006 étaient négatifs.
L’Association des Surfeurs Professionnels, quant à elle, s’est contentée de suspendre pendant un an un surfeur du top 44 contrôlé positif (par les autorités françaises) au cannabis, aux stéroïdes anabolisants et aux amphétamines pendant l’épreuve WCT d’Hossegor en 2004. L’ASP communique peu (voire pas du tout) sur les contrôles anti-dopages : on n’entend pas souvent parler de contrôles réalisés à son initiative sur son circuit.
Shaun Tomson, ancien champion du monde engagé dans la lutte contre la drogue, avait déclaré dans Surfer Magazine que l’utilisation de substances illicites par certains surfeurs professionnels était un secret de Polichinelle. Il ajoutait que les autorités compétentes avaient trop peur de froisser les grandes marques, en ternissant l’image de leurs poulains, pour réaliser des contrôles systématiques et faire éclater la vérité au grand jour.
Maintenant que les surfeurs jouent dans la cour des grands, ils doivent se responsabiliser en adoptant une politique volontariste et transparente de lutte contre ce fléau qui a déjà gangrené tant de sports, en réalisant des contrôles à tous les niveaux de compétition et en prônant une tolérance zéro pour les contrevenants et les récidivistes. Les professionnels doivent se montrer irréprochables car ils sont des modèles qui inspirent les autres surfeurs et notamment les plus jeunes.
Reste le cas des big wave riders qui ne font partie d’aucun circuit. Ils réalisent les plus grandes performances en surfant des vagues toujours plus gigantesques. Ils y sont poussés par le gros chèque que gagne chaque année celui qui dompte la plus grosse vague. Ces concours ont pour effet pervers de leur faire prendre des risques inconsidérés et de les inciter à dépasser leurs limites pour quelques poignées de dollars et une photo dans les magazines. Laird Hamilton a déclaré qu’il était possible de réaliser de tels exploits sous le seul effet des substances sécrétées par l’organisme. Mais tous les surfeurs de gros sont-ils clean ? On est en droit de se poser la question. Là encore seuls des tests ou la bonne foi des intéressés apporteront une réponse. On n’aimerait pas apprendre dans quelques années que nos héros sans peur et sans reproche trichaient pour nous faire rêver…
Article mis en ligne le 9 Mars 2009.
Il existe un numéro vert « Ecoute Dopage » : 0 800 15 2000 pour venir en aide aux personnes en difficulté face au dopage. Une équipe de psychologues et un médecin spécialisés répondent à vos questions et vous orientent. L’appel est gratuit, confidentiel et anonyme.