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Préparation, matériel et sécurité pour surfer Jaws

Michel Larronde, surfeur, big wave rider

Il n'est pas obligatoire d'avoir la morphologie d'un surfeur bodybuildé à la Laird Hamilton pour surfer les plus grosses vagues du monde. Le surfeur basco-hawaiien Michel Larronde, qui surfe Jaws en tow-in depuis 1994, prouve que l'expérience et une préparation optimale peuvent permettre de toucher au Graal du surf de grosses vagues. Adepte du yoga et de l'apnée, Michel travaille son souffle pour se préparer à retenir sa respiration sous les vagues.  Michel Larronde shape ses propres planches "Makila". Il accorde également de l'importance à une bonne alimentation pour optimiser ses performances (Michel est cuisinier de formation). Michel Larronde a accepté de répondre à des questions concernant le surf en tow-in dans des vagues géantes.

Surf Prévention : Racontes-nous ta plus grosse frayeur en tow in.
Michel Larronde : Sur une vague de 30 pieds pleine de clapot où j'avais du mal à gérer à cause de la vitesse, je cherchais à faire mon bottom-turn... alors que je m'apprêtais à faire le virage en droite, je me suis fait dévier "en fade" à gauche. La lèvre énorme allait me clouer lorsque je ne sais pas comment j'ai réussi à redresser ma course (une sorte de miracle) et à m'échapper sur l'épaule de cette vague qui était l'une des plus grosses que j'aie jamais prise. Je suis passé limite, j'étais émotionnellement touché.

S.P. : Comment travailles-tu ton souffle en prévision d'un wipeout prolongé sous l'eau ?
M.L. : Pas d'entraînement spécifique mais des tonnes d'activités physiques. Surf quotidien, balade en VTT en se tirant la bourre avec quelques potes, un peu d’Ashtanga Yoga, petit match de foot, session de chasse sous-marine...ça fait quasiment 40 ans que je surfe non-stop et je pense avoir acquis une certaine maturité et expérience de la gestion des situations chaudes. Lors d'une situation compliquée c'est principalement la sérénité qui va le plus m'aider. Ca se passe dans la tête avant les poumons. J'ai surfé 6 ans à Jaws sans gilet de sauvetage et j'avoue qu’une ou deux fois j'ai eu chaud. Maintenant quand c'est très gros j'en mets deux ce qui peut être un handicap pour plonger sous la vague, mais je suis convaincu que ce que je perds à plonger sous une vague est amplement compensé par un retour plus rapide à la surface malgré un brassage plus intense...Equipement + expérience + joie de vivre = sérénité. A ce niveau, c'est presque aussi important que la condition physique mais celle-ci n'est certes pas négligeable. 

S.P. : A taille égale, trouves-tu plus dangereuse la vague de Jaws ou celle de Belharra ?
M.L. : Je crains plus Belharra. Je reste très vigilant sur les deux vagues.
 
S.P. Comment as-tu préparé ton fils Tyler au tow-in ?
M.L. : Ca s'est fait tout naturellement. Le tow in est dans les moeurs à Maui. Moi il m'a toujours vu en faire, bricoler des jets, des planches et toutes sortes d'accastillages, raconter des histoires, etc. Les gamins peuvent faire 4 heures de tow in sans subir et sans être spécialement fatigués ou courbaturés. C'est comme si Tyler avait toujours su faire du tow ou conduire un jet. Je vois ça comme une évolution naturelle.
 
S.P. : Quelles mesures de sécurité prends-tu pour minimiser les risques quand tu vas surfer avec Tyler ?
M.L. : A Jaws, il porte 2 gilets de sauvetage superposés. Avec ça il lui est impossible de plonger sous une vague mais il flotte très bien. Etant léger et flottant bien,  il ne se fait pas brasser trop longtemps lorsqu'il bouffe et il remonte très vite à la surface. Maintenant on dirait qu'il a acquis lui-même la gestion d'une situation délicate. Jaws, on en parle comme d'une session normale de tous les jours. 

S.P. : Comment gères-tu les émotions et le stress quand tu pars sur une grosse session de surf tracté ?
M.L. Moi je stresse apparemment bien plus que Tyler. A l'époque nous allions à Jaws sans gilet et là c'est clair que nous jouions très sérieusement avec nos vies. Surtout que les adeptes étaient rares. A me demander qu'est-ce que je foutais là... Pourquoi moi et pas un hawaiien notable ou un autre big wave rider ??? Depuis l'an 2000, je porte un gilet et je me sens plus serein. Toutefois quand le swell est annoncé, on se met automatiquement sur ce mode où l'adrénaline n'a pas de mal à t'envahir. On ne dort pas pareil, voire pas du tout. Ce qui m'a rassuré, c'est que je me suis rendu compte que je n'étais pas le seul à être dans cet état. Rares sont les mecs qui dorment bien avant d'aller s'attaquer à un sérieux Jaws.

S.P. : Et quand tu amènes Tyler ? 
M.L. : C'est dingue, lui il n'a pas l'air de se poser de question. Il peut prendre 25 vagues alors que moi je suis amplement satisfait avec une douzaine. Pour lui c'est naturel, Jaws existe et des mecs la surfent, donc lui c'est la "new generation" locale. Il surfe Jaws comme si c'était normal, comme une session anodine...en tout cas c'est l'impression qu'il me donne. Il motive ses potes et maintenant il commence à y avoir un engouement des gamins pour charger. Quand c'est énorme nous évitons de les amener. Heureusement que lors des 2 dernières grosses journées, il y avait école sinon ils auraient été là et je sais que Tyler n'a rien refusé jusqu'à présent en matière de taille. Il y va confiant sans problèmes.
 
S.P. : Quelles planches utilises-tu pour le surf tracté ?
M.L. : 5'11 X 16" X 2" petit square tail pour moi.
 
S.P. : Quel type de shape pour ton fils ?
M.L. : 5'5 X15"X 1"3/4 swalow...le tout fait maison. Makila of course.
 
S.P. : Est-ce que tu arrives encore à te faire plaisir en surf dans de petites vagues après avoir connu les montées d’adrénaline du surf XXL ?
M.L. : Sans problèmes. J'adore surfer les petites vagues et encore plus si j'arrive à rendre une vague pourrie en un bon délire de manoeuvres. Tester des planches, remarquer leurs qualités ou leur défauts et envoyer des manoeuvres, surfer avec les momes je me régale encore comme si c'était le premier jour. C'est un plaisir de surfer ses propres planches, en famille c'est une motivation supplémentaire.
 
S.P. :  A part la Grande Plage de Biarritz, quel est le meilleur spot que tu aies surfé dans ta vie ? 
M.L. : Ca doit être Honolua Bay, mais j'ai scoré à Maui aussi des rares Ma'alaea.....très rapide et des longs longs tubes. Desert Point m'a laissé de très bons souvenirs. En tow in : Jaws de loin, mais Hossegor à 4 ou 5 mètres glassy léger off shore sans personne avec Vincent Lartizien c'est unique aussi. Là on se met des sessions a barrells comme nulle part ailleurs.

Lire aussi les conseils diététiques de Michel Larronde sur le blog Surf Prévention.

Michel et Tyler Larronde sont sponsorisés par les marques Rip Curl, Da Kine et Futures Fins.

Article mis à jour le 25 février 2010.

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